Bienvenu à la maison
Nous étions sur le chemin du retour, mes camarades et moi. Enfin nous rentrions enfin chez nous. Jeanne mon amour, j’arrive !
Nous avions subi de nombreuses pertes lors de la dernière bataille. Mon meilleur ami André nous avait quittés. Tout le monde était blessé, certains étant même transportés sur des brancards. Tous portaient des traces de cette ultime bataille.
J’avais moi-même été touché dans le feu de l’action. Une vive douleur m’avait alors assailli. Je croyais déjà ma dernière heure arrivée mais… comme par miracle, je me relevais. Je sentais ma plaie mais pas la douleur qu’elle aurait dû provoquer. Etais-ce un miracle ? Je ne le saurais jamais et pour le moment aucun de tous ces éléments, même la mort d’André ne pouvaient ne serait-ce que atténuer mais bonne humeur. Notre village se dessinait déjà au loin. J’allais enfin retrouver ma femme !
Nous marchâmes dans les rues éclairées par la lumière des fenêtres et atteignîmes la place principale du village où notre groupe se dissous : certains discutèrent encore un peu ensemble mais la plupart des autres se dépêchèrent de rejoindre leur famille (ce que fis). Je m’engageais dans une rue, direction mon foyer à une dizaine de minutes de la place.
Un de mes camarades, Marc m’emboita le pas. J’étais surpris car j’avais cru comprendre qu’il n’habitait pas ici.
« Tu habites par la ? Pourquoi as-tu raconté que tu vivais au prochain village ? C’est tout de même drôle que nous habitions dans la même direction », cherchais-je à engager la conversation.
Son visage restait de marbre. Il abordait un air grave et avançait d’un pas pressé, ce pourquoi je demandais : « Des problèmes chez toi ou juste la hâte de serrer tes enfants dans les bras ? »
Rien.
« On t’as chargé de me raccompagner ? »
Entre temps, nous étions arrivés devant ma porte en bois simple et familière. Je m’apprêtais à frapper mais Marc me devança. Jeanne ouvrit, plus belle que jamais, un sourire aux lèvres. Je m’avançais déjà pour l’embrasser mais lorsqu’elle vit Marc, son sourire se figea.
Irrité, je me tournais donc vers Marc pour le remercier et le congédier mais celui-ci semblait avoir quelque chose à dire. Il ouvrit la bouche, la referma, et sortit finalement de sa veste une lettre qu’il tendit à ma femme. Celle-ci la pris en tremblant et Marc ajouta « Je suis désolé madame » avant de se détourner et de partir.
Je me posais de plus en plus de questions. Qu’était donc cette enveloppe ? De qui venait elle et que contenait-elle ?
Ma femme se tenait toujours sur le pas de la porte et regardait dans la direction de laquelle Marc avait disparu. Je m’inquiétais pour sa santé et l’incitais à rentrer mais elle ne m’écouta pas. Elle resta encore quelques minutes, avant de me suivre à l’intérieur de la maison.
Tout était comme avant : la cheminée en pierre qui diffusait une douce chaleur, le vieux canapé recouvert d’une couverture en laine rapiécée, la fragile table en bois et ses deux chaises… Rien n’avait changé.
Jeanne s’avança et ouvrit fébrilement la lettre. Je vis ses yeux parcourir la lettre et lorsqu’elle l’eu finie elle s’écroula sur sa chaise, secouée de gros sanglots.
Je me précipitais vers elle et tentais de la consoler mais je ne savais même pas de quoi. Mais c’était comme si je n’étais pas là. Elle ne me regardait pas, ni m’adressa un regard mais lorsque je la pris par les épaules, elle repoussa mes bras en frissonnant.
Je commençais à paniquer. Mais nom de Dieu, que se passait-il ?! Qu’avait-elle donc ?!
Puis mon regard tomba sur la lettre délaissée par Jeanne sur la table.
Il s’agissait d’un certificat de décès…
Le mien.
Laetitia
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres